Barrick Gold Corp.: Le géant aurifère rebondit fort – Quel avenir après le recent split ?

Barrick Gold Corp. a vu ses actions bondir de près de 38 % en trois mois, dopées par la flambée de l’or et des annonces stratégiques majeures. Est-ce le début d’un nouveau chapitre pour le leader mondial des mines d’or ?

Sur les trois derniers mois, le parcours en Bourse de Barrick Gold Corp. laisse difficilement indifférent. Dans le sillage d’un marché mondial du métal jaune dynamisé par des records de prix, l’action Barrick Gold Corp. a grimpé d’environ 38 %. À la mi-septembre, le titre évoluait en deçà des 40 $, avant de s’envoler jusqu’à un plus haut annuel proche de 60 $ à la fin novembre. Même si la première semaine de décembre a vu un léger repli, entraînant une perte hebdomadaire voisine de 6 %, la tendance de fond reste clairement haussière. Faut-il s’attendre à un simple souffle, ou à l’aube d’un mouvement de fond ?

Côté actualité, la période récente fut intense. Le 7 décembre, selon plusieurs médias financiers, Barrick Gold Corp. aurait entamé des réflexions avancées sur un possible scindement majeur de ses activités : l’objectif ? Séparer certains actifs nord-américains, probablement via une entrée en Bourse distincte. Pour de nombreux observateurs, ce projet pourrait permettre de libérer de la valeur cachée, chaque segment pouvant alors exprimer son plein potentiel auprès d’investisseurs aux attentes différenciées. Certains analystes parlent déjà d’un tournant stratégique capable de revisiter la « prime » de valorisation du groupe global. La réaction du marché a d’abord été prudente, mais le mouvement haussier de novembre s’explique en partie par ces spéculations de restructuration.

Autre temps fort : le 5 décembre, la banque BNP Paribas Exane a relevé sa recommandation sur le titre, passant à « surperformance » et ajustant son objectif de cours à 69,74 CAD – un signal perçu comme confiant sur la trajectoire à moyen terme. Si l’on ajoute la confirmation d’un rendement de dividende autour de 1,4 % pour 2025, le titre Barrick bénéficie actuellement d’un regain d’intérêt auprès des investisseurs à la recherche de stabilité au sein du secteur minier.

Dans le même intervalle, Barrick Gold Corp. a annoncé le 2 décembre la finalisation de la cession de sa mine de Tongon en Côte d’Ivoire et d’autres actifs auprès du groupe Atlantic, pour un montant pouvant atteindre 305 millions de dollars. Ce recentrage permet au géant aurifère de réallouer des ressources vers ses projets phares, tout en renforçant la rotation de ses actifs mondiaux.

Côté opérationnel, Barrick Gold Corp. fait figure de mastodonte au sein de la production de métaux précieux. Son cœur de métier : la prospection, l’extraction et la commercialisation d’or, épaulée par des positions solides sur le cuivre. Avec environ 17 500 salariés, l’entreprise s’appuie sur un portefeuille géographiquement diversifié : États-Unis (notamment via la coentreprise Nevada Gold Mines), Canada, Amérique du Sud, Afrique subsaharienne et plusieurs nations africaines riches en minerais tels que le Mali, la Tanzanie ou encore la République Démocratique du Congo. En cuivre, ses mines clés se trouvent en Zambie, au Chili et en Arabie Saoudite.

Historiquement, la croissance de Barrick Gold Corp. s’est bâtie sur la multiplication de gisements d’envergure et une stratégie de fusions-acquisitions ciblée, dont la fusion marquante avec Randgold Resources en 2018. Récemment, la société mise sur la discipline financière, la rationalisation de son portefeuille de mines et l’innovation dans les process d’exploration durable. La volonté de s’imposer comme référence en matière d’ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) est désormais assumée, ce qui séduit une frange croissante d’investisseurs institutionnels.

Bien entendu, plusieurs risques subsistent – parmi lesquels la pression sur les coûts d’exploitation, la volatilité des cours de l’or, les impératifs réglementaires multiples et les incertitudes géopolitiques sur des marchés émergents sensibles. Un récent contentieux au Mali, réglé cet été contre un paiement exceptionnel, illustre la fragilité inhérente à certains territoires-clés.

En synthèse, le scénario central autour de Barrick Gold Corp. combine la force de frappe industrielle d’un leader mondial de la goldmine, un portefeuille d’actifs mature mais flexible et, désormais, la perspective excitante d’une réorganisation stratégique majeure. Nombre d’investisseurs tablent sur la capacité du groupe à tirer parti de cette dynamique, tout en gardant un œil prudent sur l’évolution du marché aurifère et sur l’efficacité des futures restructurations. Les prochains mois seront décisifs : la valeur du titre, la politique de dividende et l’exécution opérationnelle seront scrutées de près…