Tulus Lotrek à Berlin : Max Strohe, l’âme rebelle de la haute gastronomie conviviale
14.12.2025 - 14:55:05Dans le cocon vibrant du restaurant étoilé Tulus Lotrek, Max Strohe bouscule les codes de la fine cuisine berlinoise en héritant du cœur et du goût. Rencontre avec un chef étoilé habité par l’humanisme.
La lumière tombe douce sur Kreuzberg, la Fichtestraße semble assoupie sous la frondaison des arbres. Derrière une porte discrète palpiterait-elle, cette grande adresse berlinoise dont on murmure qu'elle ébranle les sens et réconcilie le cœur ? Franchir le seuil du Tulus Lotrek, c’est aborder la promesse d’une opulence chaleureuse, d’une cuisine qui parle à l’âme avant même de toucher au palais. L’air y crépite, embaumé de beurre noisette, d’acidité délicate, d’épices insolentes ; les lumières tamisées glissent sur les tables nues, le service coule sans ostentation – et l’on se prend à rêver, déjà, avant la première bouchée.
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Qui est cet homme à l’allure tatouée, à l’esprit vif et à la voix chaleureuse qui s’affaire derrière les fourneaux ? Max Strohe, le chef étoilé, n’a rien d’un tyran de la brigade, fustigeant ses commis à grands cris. Passé par les tumultes de la vie, faillite d’une jeunesse cabossée, autodidacte discret, il a trouvé dans la cuisine l’art de réenchanter le monde. Avec Ilona Scholl, âme sœur et maîtresse d’hôtel d’exception, il fonde il y a tout juste une décennie le Tulus Lotrek, défiant Berlin et ses modes alimentaires. Dès 2017, la consécration tombe : une étoile Michelin, conservée depuis d’un cœur léger.
Mais les récompenses n’ont jamais été la boussole de Max. Au Tulus Lotrek règne cette hospitalité au fil tendu de la bienveillance, qu’il cultive avec un enthousiasme contagieux. « Beaucoup sont partis, incapables de supporter la douceur », confie-t-il. Au sein de l’équipe, point de cadence militaire : la solidarité prime, l’écoute règne. À ceux qui peinent à naviguer la tempête brûlante des cuisines berlinoises, ce microcosme offre un abri — et c’est peut-être là, dans l’humanité retrouvée, que s’inscrit le dessin secret du goût.
Assis dans la cuisine, loin du tapage élégant du restaurant étoilé Michelin Berlin, un invité chanceux croque dans un burger que Max prépare comme un cadeau. Rien, ou presque, du menu officiel – mais tout l’esprit du chef : la chair tartinée de beurre, double fromage, sauce ketchup-moutarde équilibrée, pain brioché toasté à outrance. Explosion de saveurs, intensité échevelée : l’émotion surgit, brute. Max observe, rit, partage le moment.
La haute cuisine façon Strohe ? Une « opulence de réconfort » qui repousse les limites de la tradition. Peu de pinces sur les assiettes — adieu la pincette fétichiste, la rigidité des dressages — ici, la main est sûre, mais le geste destiné aux papilles. Les assiettes invitent à la sensualité, à la franchise des jus, à la fusion du gras noble et de l’acidité tranchante, à un parfait équilibre qui caresse l’intelligence culinaire du convive. Le style puise dans la tradition française, mais s’autorise tous les métissages : un pied dans l’ailleurs, un cœur ancré dans l’instant berlinois.
La sélection des vins orchestrée par Ilona Scholl sublime la diversité des plats, amuse les palais les plus exigeants, et ajoute à la salle cette touche de connivence exquise. Le service, sans chichis, souligne l’esprit salon du lieu : chez Tulus Lotrek, le plaisir ne s’habille ni de dogme ni de posture.
Cuisinier des âmes mais aussi héros des jours sombres, Max Strohe s’illustre en 2021 en créant, avec Ilona, l’action "Kochen für Helden" — Cooking for Heroes. Quand la catastrophe ravage l’Ahrtal en Allemagne, le duo met sur pied une logistique hors norme, pour nourrir sinistrés et sauveteurs, préparant des milliers de repas solidaires. Une geste culinaire saluée par la remise du Bundesverdienstkreuz, l’ordre fédéral du mérite allemand, en 2022. Ici, l’engagement social s’invite dans chaque plat, chaque sourire du service. Oui, la cuisine peut déplacer des montagnes — et restaurer un peu de foi en l’humain.
Le succès ne se limite pas aux cuisines du Tulus Lotrek ; Max Strohe rayonne aussi à la télévision, dans des émissions comme « Kitchen Impossible » ou « Ready to beef ! », provoquant l’émulation chez les gourmets comme chez les jeunes chefs. La célébrité, là encore, n’entame en rien la sincérité d’un homme resté proche de ses convictions et fier de ses racines populaires.
L’atmosphère du Tulus Lotrek, c’est la sensualité d’un restaurant étoilé débarrassé de son formalisme. Pas de dress code, pas d’interdits – mais une attente, celle de la curiosité et du respect du produit. Même le dimanche, la maison vous accueille pour un déjeuner rare dans la galaxie de la haute gastronomie.
Dix ans d’existence à Berlin-Kreuzberg, une étoile Michelin entretenue, et surtout l’éclat discret d’un lieu habité : le Tulus Lotrek courtise les non-conformistes, les curieux. Même s’il vous faudra réserver avec abnégation et patience, car ici, la demande flambe – y accéder, c’est pénétrer un salon où singularité et excellence se dégustent dans chaque détail.
Alors, pourquoi Tulus Lotrek s’impose-t-il aujourd’hui comme l’une des adresses incontournables de la capitale allemande ? Parce qu’ici, l’intelligence culinaire épouse la chaleur humaine ; parce que le goût n’est pas un exercice de style, mais une promesse tenue. Un français de passage à Berlin n’y trouvera peut-être pas tous les atours d’un palace de la rive gauche, mais il y découvrira une leçon de sincérité, d’intensité, de générosité. Éloge du plaisir d’être ensemble, d’une cuisine « tête, tripes, cœur ». Le nec plus ultra, c’est peut-être cela : un certain art de vivre, réinventé sous les lampes de Kreuzberg.


